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Le Blog de Jane Fenuanova.
5 décembre 2012

Tahiti Blues en lecture libre.

Ce petit recueil de 2 nouvelles vous plait ?

Vous pouvez le commander ici : http://www.thebookedition.com/tahiti-blues-jane-fenuanova-p-69782.html


Tahiti blues

nouvelles et textes polynésiens


Du même auteur

Les Sulfureuses, The Book, 2011

A paraître courant 2013 :
La légende Arthurienne expliquée aux enfants (et à leurs parents)



Tahiti blues

nouvelles et texte polynésiens

Jane Fenuanova.



ISBN : 978-2-95399309-1-7
©Jane Fenuanova.
Œuvre protégée, toute reproduction par tous moyens, sur tous supports, interdite.

Contact : flora.villon@hotmail.fr


À mes parents grâce à qui j’ai eu la chance de passer mon adolescence en Polynésie.


A Chloé et Marie Avrillon pour leur combat.


À ma compagne.


Le contenu de ce livre est explicite et peut choquer les plus jeunes.

-16





Lecture recommandée par l’auteure aux plus de seize ans.





 

 

Lexique Tahitien-Français en fin d'ouvrage : consultation recommandée avant la lecture.



PARTIE 1


BLUE PACIFIC





Chapitre 1


Nous étions mariés depuis l’âge de vingt ans. L’âge d’avoir des enfants, de les voir grandir, puis quitter la maison... Les années s’étaient écoulées, impitoyables. Notre cou-ple aussi avait changé. Pitoyable...
De l’amour fou nous avions eu le temps de passer à l’indifférence, de l’indifférence à l’adultère.

Elle collectionnait les conquêtes masculines, moi féminines, d’un soir, ne sachant plus qui avait commencé. Parfois, cependant nous nous retrouvions pour un moment dans le lit conjugal, devenu le sien, faisant chambre à part le reste du temps.

C’est moi qui avais eu l’idée de ce voyage...
Une promotion à la boite m’avait propulsé chez les cadres très supérieurs : le salaire et les primes qui allaient avec m’offraient de nouveaux horizons.
J’avais consulté le catalogue de voyages que proposait le Comité d’Entreprise. La Grèce, la Tunisie, la Jordanie... et puis Tahiti. Mon rêve de Pacifique Sud, j’ignorais pourquoi, des lectures de gosse peut-être. Robinson Crusoé, Les révoltés du Bounty... l’idée me fit sourire.

Je choisis le top du luxe pour l’hôtel.

L’occasion de “se reconstruire”, de “repartir à zéro” et toutes ces conneries de magazi-nes...
Elle avait été enthousiaste dès le départ, et puis... “Ça nous fera un beau voyage, n’est-ce- pas ?”
Je détestais ce tic de langage qu’elle n’avait pas lorsque nous nous sommes connus.
“N’est-ce-pas ?”
J’opinai du chef, me replongeai dans les “pages saumon” du Figaro, lecture désor-mais indispensable à mon statut.
Avant je lisais “Libération”, jeune Trotskyste “Rouge”.
Je balayais ces souvenirs peut-être parce qu’ils nous étaient communs. Et puis c’est la vie... j’étais devenu un bourgeois bien ins-tallé, avec une maison de campagne où nous ne mettions plus jamais les pieds, et un studio à Meribel que je louais.

Je fis la réservation une semaine après, payais cash les quinze mille Euros des quin-ze jours que nous allions passer au Paradis.
Deux mois plus tard, nous atterrissions à l’Aéroport International de Tahiti-Faa’a, via Los Angeles.


Chapitre 2


Au sortir de vingt heures dans deux avions, gelés par la climatisation, une bouffée de chaleur, de moiteur, d’odeurs nous accueillit.
Le collier de fleurs dont j’ignorais encore le nom, tiare contribua plus encore à cette agréable nausée qui m’envahit, offert par des vahine trop souriantes en “costume tradi-tionnel”.
Nous fûmes expédiés en minibus jusqu’à l’hôtel.
Je m’endormis comme une souche en arrivant au fare qui nous était dévolu. Elle s’endormit même avant moi... douze heures de décalage horaire, le besoin de reprendre nos marques.
Au réveil j’étais seul, le soir était tombé.
Le buffet fût le bienvenu, je mourrais de faim et m’adaptais à l’heure et à la gastronomie polynésienne, dédaignant la nourriture “inter-nationale” sur laquelle se jetaient la plupart des touristes sous le regard un peu mépri-sant des serveuses.

L’une d’elle me sourit, posa une carte de visite sur la table, discrètement.
J’y jetai un coup d’œil, une publicité pour un bar de nuit de Papeete : le Blue Pacific.
Je relevai la tête, la serveuse avait disparu, repartie à son travail. Sans doute était-elle payée pour faire du rabattage auprès des clients supposés célibataires... ça me fit sou-rire.
Je mis machinalement la carte dans ma po-che.
En observant la salle, j’aperçus ma femme, déjà en maillot de bain, faisant la queue au buffet international. Je lui fis signe et elle me rejoignit après s’être copieusement servie.
La conversation fût curieusement agréable, ponctuée par les dépliants de l’hôtel, les pro-jets de promenades autour de l’île, de décou-verte du lagon, de plongée au milieu des requins...
Je lui proposai une visite du marché de Pa-peete.
Elle accepta avec enthousiasme.
Nous rentrâmes ensemble, faisant l’amour dès notre arrivée, avec passion.
Comme autrefois... je me mis à y croire.

Chapitre 3


La première semaine fut merveilleuse... Nous nagions des heures ensemble, durant la journée dans le lagon, le soir dans la piscine à débordement de l’hôtel. Nous nous éclaboussions comme des gamins, riions aux éclats, nous embrassions et rentrions faire l’amour...


Je pensais l’avoir reconquise.


Tout s’est gâté le week-end... Nous avions décidé de sortir un peu de l’hôtel pour un tour de l’île en 4x4. Les cascades, la vue du belvédère, le spot de surf de la presqu'île, un déjeuner dans un petit restaurant qui faisait un four tahitien, la nourriture enveloppée dans des feuilles de bananier puis cuite à l’étouffée sur des pierres volcaniques posées dans un trou creusé sur la plage, ensuite comblé...


La petite paillote qui nous attendait...


Le programme avait l’air merveilleux... Le guide qui prit le volant l’était aussi, je dois l’avouer. “Demi Tahitien et Chinois, fin et musclé, un teint magnifique... il m’impres-sionna, me troubla un peu...


Une sensation curieuse d'attirance inavouée que je n'avais jamais éprouvée...


Elle... elle ne le quittait pas des yeux. Posant mille questions, saisissant le moindre pré-texte pour se rapprocher de lui...



Notre retour fut pire. Le repas en tête-à-tête silencieux, le retour au fare sans un mot.
Nous nous couchâmes sans rien dire.
J’essayai de la prendre dans mes bras, elle me tourna le dos prétextant un mal de crâne imaginaire dû au soleil. Je restai éveillé, repensant à la beauté stupéfiante de notre guide, la comprenant... presque.


Elle dut croire que je dormais. Je l’entendis se masturber, gémir doucement, puis hale-ter.
Je devinai quand elle jouit. J’étais excité, commençai à faire doucement de même pour ne pas qu’elle m’entende... Puis arrêtai, me sentant ridicule. J’écoutai sa respiration qui se fit de plus en plus régulière. Lorsque je fus certain qu’elle dormait je me levai, m’habillai.



Le bar de l’hôtel était vide. Il fermait une heu-re plus tard. Je bus deux whiskys en dis-cutant avec le barman. Il refusa poliment mais fermement de m’en servir un troisième.


    ─ C’est l’heure monsieur, je vais fermer...
Le souvenir de la carte de visite me revint à l’esprit. Je la sortis, lui montrai.


    ─ Vous connaissez ?


Il eut un sourire...


    ─ C’est un endroit... spécial, mon-sieur. Si vous voulez vous y rendre... je vous appelle un taxi ?



Il avait aiguisé ma curiosité, je n’avais pas envie de rentrer dormir, la nuit était devant moi.
J’acceptai.
Dix minutes plus tard le taxi arriva. Il me dé-posa sur le port, me soulageant de 300.000 Francs CFP, prix que je soupçonnai d'être un peu exagéré.


Devant le Blue Pacific.


Je consultai la carte, elle était simple : cham-pagne à 22.500 Francs CFP. Je calculai rapi-dement, environ 200 euros...


Je haussai les épaules, sonnai. Un guichet s'entrouvrit, le videur me dévisagea. Puis la porte s'ouvrit.

Chapitre 4



J’entrai.
L’établissement était à la fois de mauvais goût et vieillot. Des banquettes rouges, éclai-rées par des appliques de la même couleur qui donnaient une lumière tamisée, de peti-tes tables rondes tout aussi rouges que le reste. La boite était déserte, j’étais manifes-tement le seul client de la soirée.

Quatre femmes, des prostituées ou des hô-tesses, étaient assises au bar. J’en vis une... je pense que j’en tombai amoureux tout de suite...

Je ne pouvais la quitter des yeux.

Elle se leva lentement en me souriant, com-manda d’office une bouteille puis se dirigea vers sa table.

Ses hanches ondulaient, ses yeux étaient d’une beauté à se noyer dedans, les che-veux lui arrivaient presque jusqu’aux fesses.
Elle s’assit près de moi en souriant.


    ─ Iaorana... tu m’offres un verre ?


Je balbutiai une réponse sans la quitter des yeux, lorsque je sentis sa main sur ma cuis-se...
Mon excitation monta instantanément.


Je tentai de l’embrasser, empli de désir, elle se déroba en tendant la joue.


    ─ Non chéri, pas avec les clients...


Elle était honnête, je n’étais qu’un micheton de passage. Rien de plus. Cette réalité me fit mal.


Je redescendis instantanément sur terre, bus deux coupes de mauvais champagne coup sur coup. Je lui en offris, elle accepta.


    ─ Une autre bouteille ?


Sans attendre mon accord elle leva le bras, faisant signe au barman.


J’admirais sa peau si belle...


    ─ Tu connais le paka ?


Non... suis moi alors...


Comme hypnotisé je la suivis dans les toi-lettes, la vis sortir un joint tout roulé du  jus-taucorps qui moulait sa poitrine.


Elle l’alluma en souriant, tira quelques bouf-fées puis me le tendit en souriant...


    ─ Tiens goûte, ça pousse ici ça...


Je le pris en hésitant, me souvins de mes années étudiantes, j’en avais fumé une ou deux fois, je tirais dessus à mon tour. Cela me fit tousser, la fit rire. La fumée embaumait la petite pièce. La sensation était agréable.


    ─ Je suis raerae, tu sais...


Je la regardais sans comprendre ce qu’elle me disait.


    ─ Un tane si tu préfères, un homme...


Elle me prit la main, la posa sur son entre-cuisse, alors seulement je compris...


Comme avec le guide le matin, je sentis mon corps réagir, des sentiments contradictoires m’assaillir. Loin de retomber comme je l’a-vais toujours cru, mon excitation augmenta, devenant visible à travers mon pantalon lé-ger.
L’idée de faire l’amour avec un homme ne m’avait jamais effleuré l’esprit. J’étais tolérant...mais, non pas moi, c’était impos-sible !
Et pourtant..


Pourtant mon désir allait toujours croissant, j’avais envie de lui, de me faire faire l’amour. J’ignorai dans quel sens, comment... Il, elle s’aperçu de mon trouble, elle, il me sourit.


    ─ Tu ne me trouves pas belle ?


Provocante, elle me caressa un bref instant.
Elle me prit la main, ma tête tournait, elle me ramena sur la banquette.


Je surpris un sourire échangé entre le patron et... je ne savais son prénom, je réalisai que je ne lui avais pas demandé. Le champagne, l’herbe, cette révélation, j’étais peut-être... pédé.
Tout se mélangea, je me laissai servir du champagne, déboussolé, j’appréciai la dou-ceur de ses gestes féminins, de ses bras qui entouraient mon cou. Je ne pus retenir un baiser sur son bras. Elle me caressa la joue d’une main douce, accroissant mon désir à me faire mal...

Inconsciemment, je portai la main à mon sexe douloureux, grimaçai.
Une main douce remplaça la mienne, me ca-ressant à travers le lin de mon pantalon blanc...
Je la regardai, incrédule. Elle me sourit, me chuchota :
    ─ Tu es gentil, toi... tu veux venir dans mon fare ? Ça va fermer ici...
Je ne répondis pas, ouvris la bouche sans pouvoir parler, lui fit juste un hochement de tête affirmatif.
    ─ Rejoins-moi derrière, une petite porte, tu verras. Allez pars !
J’allai régler la somme astronomique que je devais au bar, puis sortis, hagard.


Chapitre 5

Maintenant que j’étais dehors, j’hésitai sur la conduite à tenir. La suivre, je ne savais pas où, dans un traquenard peut-être...mais elle, il était si désirable !


J’hésitai laissant mes pas me guider vers la direction supposée du centre plus animé de Papeete, à travers le dédale du port, des-saoulant un peu.


Un coup de klaxon, la voiture ralentit à ma hauteur.
Elle passa sa tête par la fenêtre, me sourit...
    ─ Je te dépose... ? Tu vas te perdre là...
J’hésitai, puis attribuai au destin cette nou-velle rencontre... je ne lui échapperai pas.


Et puis... mon envie, mon désir était bien là, je devais arrêter de me mentir. Elle, il m'attirait.
Je lui souris, montai dans la voiture. L’auto-radio passait une musique faite de chœurs magnifiques.


    ─ Tu  veux plus venir avec moi ?


Le ton était déçu, sa voix douce roulant les "r".


Je ne répondis pas... lui caressai la joue puis l'embrassai.
Elle se laissa faire cette fois, puis me sourit.


    ─ Petit popaa... tu es gentil, il ne faut pas être timide.


Une vague de pensées me submergea. La découverte d'une nouvelle sexualité, de nou-veaux désirs, la chaleur moite de la nuit qui s'estompait laissant le soleil se lever, ma femme qui avait dû se réveiller durant la nuit et constater mon absence, mon envie de res-ter, ne plus repartir quel que soit le prix à pa-yer... tout cela se mélangeait et me troublait.


Je songeais à mon travail, à mon couple boiteux, à la routine qui m'attendait de nouveau au retour.


Brusquement j’eus envie de tout plaquer, de rester ici, près d'elle... Ma femme se conso-lerai vite de mon absence, je lui laisserais tout, mon PEL bien garni devrait me permet-tre de vivre au moins un an ici, en attendant de trouver un travail...


La voiture s'arrêta avenue Bruat à une station de taxi.


    ─ D'ici tu vas pouvoir rentrer à ton hôtel...


J’hésitai, lui caressai la joue, l'embrassai soudain avec une fougue que je ne connais-sais plus depuis longtemps.


    ─ Non... je n'ai pas envie... emmène- moi chez toi.


Elle se mit à rire.


    ─ Vous êtes tous pareil les popaa... vous savez pas ce que vous voulez...
mais tu es gentil toi. Tu t'appelles comment ?


Je répondis par un "Jean" timide...


    ─ Hiro, c'est plus joli... je t'appellerai Hiro. Moi c'est Maeva...



Elle redémarra la voiture, cinq minutes après nous nous arrêtions devant un fare modeste dans un quartier populaire de Papeete.
Tous étaient construits sur le même modèle rectangulaire, avec un toit en tôle, des maté-riaux légers.


Le jardin éclairé par le soleil levant était somptueux.
Au milieu des hibiscus, des bougainvilliers, des tiares trônait un vieux manguier dont les fruits ne demandaient qu'à être cueillis. Elle me prit la main, doucement, me fit entrer.
Un canapé et deux fauteuils aux coussins à fleurs entouraient une petite table basse en rotin.
    ─ Tu veux du paka ?


J’acceptai, naturellement, je me sentais se-rein.
Tandis qu'elle roulait le joint, je me rappro-chai d'elle, l’enlaçai, accroissant de nouveau mon désir. Je posai la tête sur son épaule.
    ─ Je suis bien avec toi...


Elle se retourna, me fit un baiser, me tendit le joint après avoir tiré dessus.


    ─ Moi aussi pei ! Tu bats pas les femmes toi...


Elle me sourit.


    ─ Non jamais. Et puis, je t'aime trop, toi.
Je me rendis compte aussitôt de ce que je venais de dire, de cette déclaration d'amour à un homme...


Je lui donnai de nouveau le joint, elle le prit, tira les dernières bouffées, puis m'embrassa.


Je ressentis une tendresse oubliée dans ce baiser, c’était magique, plein de douceur.



Je la suivis dans la chambre, la laissa se déshabiller, la regarda ôter ses vêtements. Son justaucorps moulant enlevé révéla sa poitrine, ronde, belle, attirante, dont les tétons pointaient. Sa mini-jupe et son string enlevé révélèrent son sexe.


Un sexe d'homme dressé déjà.


Mélange étonnant et attirant, mi-femme, mi-homme, quelque part dans l'entre-deux gen-res.


Mon désir s'accrut encore. Ce fut naturelle-ment que je le mis en bouche, caressant son gland du bout de ma langue, le suçant avec gourmandise. Lorsque je recueillis les pre-mières gouttes de sa jouissance, j’en appré-ciai le goût douçâtre et sucré, fermant les yeux de plaisir. Un peu honteux, si tenté de continuer...


Ses bras fermes m'allongèrent sur le dos, me maintenant les bras. Je sentis sa poitrine contre la mienne, puis ses mains écarter mes jambes. Je me laissais faire, rouvrit les yeux dévorant son sourire.


Elle me mordilla les tétons, m’embrassa à nouveau me maintenant les jambes écar-tées. Je sentis ses doigts me caresser et m’enduire d’un produit gras là où la veille encore cela aurait été inenvisageable. Contrairement à ce que je croyais la péné-tration ne me fit pas mal, provoquant au contraire une vague d'amour irrésistible.


Je jouis trop rapidement, m'en voulus.


Elle s'allongea près de moi, je m'endormis dans ses bras comme un enfant.


L'odeur du café me réveilla.


Une gueule de bois monstrueuse me vrillait la tête. Je me souvins brusquement de ma nuit de la veille, de ce que j’avais fait.


Sans un mot je bus trois bols de café, pris une douche froide, cela allait déjà mieux.


Je réfléchis longuement, me blottissant contre elle qui respectait mon silence. Non, rien ne m'obligeait à rentrer. Mon amour était là, près de moi, je voulais être... sa femme.


Une lettre à l'hôtel suffirait pour rompre définitivement. Ma future ex-épouse ne me retiendrait pas, je demanderai le divorce avec une pension alimentaire généreuse. Elle ne refuserait pas.


Lorsqu'elle me refit l'amour, je fus conforté dans cette certitude, c'était si bon, une sen-sation de plaisir comme je n'en avais jamais éprouvé avec les femmes que j’avais con-nues. Le sentiment d’avoir gaspillé des an-nées qu’il me fallait rattraper.


Elle sourit quand je lui avouai.


    ─ Hiro, ma petite vahiné... si tu veux.
Tu es un vrai mahu popaa toi.

J’ignorai ce que cela signifiait.


Je lui pris la main, lui demandai des vête-ments de femme, la laissa me maquiller, allai me raser de près.


À Faa’a le jour où je devais repartir, nous regardâmes de loin l'avion décoller.


La vie commençait.


Enfin.

***

PARTIE 2


DARK OCEAN





Chapitre 1





Mes dix premières années avec Maeva fu-rent un bonheur inimaginable.


J'avais de l'argent. Elle avait cessé son tra-vail d'entraineuse, pris des cours de danse et faisait maintenant partie d'un groupe se pro-duisant dans un hôtel.


J'avais pour ma part monté ma boite de Tee-shirts pour touristes, florissante.



Je m'étais laissé pousser les cheveux jusqu'aux fesses. Mon bronzage ne me per-mettait pas de rivaliser avec sa peau mate, mais m'embellissait. La prise d’hormones m'avaient transformé : j'avais désormais une belle poitrine, était passé de il à elle en l'es-pace de deux ans.


Rapidement, je fus connu dans le quartier, puis par les noctambules de Papeete comme le "mahu popaa".


Les sourires qui m'accueillaient étaient cha-leureux, sans le mépris que j'aurais pu trou-ver en métropole.


Mes clients popaa eux pensaient avoir affai-re à une femme, trompés par mes mains fi-nes et mes poignets étroits.


J'avais fait l'acquisition d'un petit fare à Moo-rea, où nous passions notre week-end, essentiellement à faire l'amour. Nous ima-ginions sans cesse de nouvelles façons de prendre du plaisir, de repousser nos limites...
Comme je le souhaitais, comme elle l'es-pérait, je crois, j'étais devenue sa femme, passant de Jean à Hiro, de Hiro à Heifara...

Nous avions également déménagé pour un quartier résidentiel, quittant le fare de carton et de tôle pour un cinq pièces climatisé.


Belles, amoureuses, avec de l'argent, nous étions les reines...


Nos cinquante ans sonnèrent le glas de no-tre bonheur.


Presque simultanément Maeva perdit son emploi de danseuse, jugée trop vieille pour plaire aux touristes qui voulaient de jeunes vahinés...


Comme sur les cartes postales qu'ils renver-raient chez eux ou leurs souvenirs numéri-ques stockés sur ordinateurs.


Six mois plus tard ma boite périclita.


La crise économique qui frappait le pays en eu raison comme de nombreuses autres. Mon stock de Tee-shirts, revendu au prix de gros ne me rapporta que la moitié de ce que je l'avais payé. Quant à mon PEL, tout était passé dans l'achat de notre fare de Moorea dont nous dûmes nous séparer. L'argent nous permit de vivre quelques temps...
Puis il fallut vendre l'appartement pour un logement plus petit, plus modeste surtout.


Nous revînmes à un petit fare dans les quar-tiers populaires de Papeete. Cela nous fit sourire au début. Nous nous retrouvions dans la même situation, presque sur les mê-mes lieux que lors de notre première ren-contre.


J'allais souvent pêcher, revendant les plus belles pièces au marché de Papeete, gar-dant les autres pour nous.


Maeva s'était chargée de planter tarot, ma-nioc et patates douces dans le jardin, nous permettant de vivoter.


L'argent nous servait aux produits de pre-mière nécessité, parmi lesquels des quanti-tés astronomiques de Hinano.


Nous commencions toutes les deux à picoler sérieusement.

Nous ne le pressentions pas encore.


Mais notre lente chute commençait...


Chapitre 2

Je ressens encore la surprise, la douleur de sa première gifle.


Depuis quelques jours elle me reprochait le manque d'argent, de sorties, auxquelles je l’avais habituée lors de nos jours fastes.


Comme d'habitude, je haussais les épaules, décapsulais une nouvelle Hinano…


Je ne vis pas le coup partir. Elle me traîna vers le lit, à travers la pièce, me frappant plus violemment.


Je crus au début à un jeu érotique plus viril que d'habitude.


Je l’encourageais, l'excitation montant en moi, comme toujours lorsqu'elle m'attachait, sortait le martinet.


Le désir savamment dosé, à la limite de la douleur et du plaisir...


Puis je compris qu'elle ne jouait pas. Ses coups redoublaient, me faisaient mal, vrai-ment mal. Je la suppliais en larmes d'arrêter, me mis à crier de douleur. Lorsque les coups cessèrent enfin elle resta immobile, comme consciente enfin de sa violence.


Elle s'allongea près de moi, se dénuda, s'ex-cusant, me parlant de colère et d'amour.


Je lui pardonnais instantanément. Je lui sou-ris, pris son sexe dans ma bouche, le dégus-tai longuement.


Lorsqu'elle me prit, j'explosais de plaisir.


Nous restâmes longtemps à faire l'amour, puis, à nous regarder, à nous sourire, multi-pliant les baisers, les caresses.


De la violence elle était passée à une ten-dresse que je connaissais bien. Cette virilité féminine qui m'avait séduit dès le premier soir au Blue Pacific, lorsque j'étais encore un homme...


Cela me semblait si loin...


Lorsque je lui en parlai, elle me prit tendre-ment dans ses bras.


    ─ Mon petit Hiro, ma petite Heifara... Je ne m'étais pas trompée ce soir-là. Moi aussi je trouve ça loin tu sais... tu as telle-ment changée ma vahiné, mais tu es resté le même...


Je ne crois pas qu'elle se rendit compte à quel point je fus émue par ses paroles.


Elle me sauta au coup lorsque je lui proposai d'aller en amoureuses au restaurant. Aita-peapea ! L'argent était fait pour être dépensé après tout. Et c'est vrai que cela faisait long-temps que nous n'étions pas sortis.


Elle avait raison, comme toujours...


Nous allâmes dans un des bons restaurants de Papeete, dont la serveuse, une mahu, était une amie.


Les petits plats dans les grands, nous prîmes la même chose : demie-langouste en entrée et poisson cru, arrosé d'un Coteaux du La-yon californien qui rivalisait bien avec l'origi-nal.

Un cognac acheva de nous faire digérer.
Un petit joint de paka en sortant de nous rendre joyeuses et de me décider à finir la nuit en boite lorsqu'elle me le proposa.

Nous dansâmes comme des folles, multi-pliant les provocations, nous voulant belles et sexy, désirables et inatteignables...


Un popaa, bien éméché vint nous offrir un verre, nous draguant ouvertement.


Nous acceptâmes le premier verre, puis le deuxième... jetant un coup d’œil à son porte-feuille qui débordait de billets.


Maeva regardait, amusée et intéressée... moi aussi.


Jusqu'au moment où elle m'encouragea à aller plus loin, sans oublier de me faire payer.


Cela résonna comme une claque. Plus vio-lente et plus inattendue encore que la pre-mière.
Elle voulait faire de moi une pute, peut-être même en avait-elle déjà l'idée en me deman-dant d'aller dans cette boite.


Comme toujours je cédais.


La pipe, la première rémunérée, fut exécutée dans les toilettes.


Lorsqu'il me proposa l'hôtel pour la nuit, j'ac-ceptais, sachant le fric que je pourrais en ti-rer, ne connaissant que trop bien notre pau-vreté.

Je gagnais 120.000 francs CFP en une nuit... en acceptant tout.


Une petite fortune.


Je me sentais sale, souillée. Je n'attendis pas son réveil, fis signe à un taxi, rentrai au fare.
Je pris une douche durant une demi-heure. Je savais déjà que désormais j'allais y re-tourner toutes les nuits…

Chapitre 3


Dès le mardi nous allâmes à Papeete ache-ter des vêtements conformes à mon nouveau travail.
Corsages au décolleté plongeant, mini-jupes, bas et porte-jarretelles.


De retour chez nous, elle me demanda de tout mettre, me maquilla à outrance, se déclara satisfaite.


Je trouvais que j'avais tout d'une vieille pu-tain, m’abstins de lui dire. C'est ce que j'étais devenue.
Sa putain.


Les vendredi et samedi soir étaient devenus ma hantise. Nous nous rendions ensemble en boite, toujours la même, Maeva m'accom-pagnant, à moitié pour me surveiller, à moitié aussi je crois pour m'humilier.


Le scénario était toujours le même. J'allu-mais un popaa en goguette, lui faisait une fellation dans les toilettes, tentait de le frus-trer assez pour qu'il veuille m'inviter à finir la nuit à son hôtel.


Généralement cela marchait avec le premier.
Sinon je réessayais avec un autre, refaisais une pipe dans les toilettes. L'argent devait rentrer.
Moi, je m’habituais à me vendre.


Je pris conscience de ça le jour où Maeva me dit en riant que j'étais une vraie salope, une bonne petite pute qui travaillait bien.


À compter de ce jour, elle ne vint plus avec moi.
Le patron de la boite me fit venir quelques temps plus tard dans son bureau, me de-mandant 6000 francs CFP par soir passé à travailler chez lui. En échange, je ne paierai plus ni l’entrée ni mes verres…que je me faisait déjà offrir. Je ne pus qu'obéir, j'augmentais mes tarifs pour compenser.


Pendant cinq ans, j'allais travailler les ven-dredi et samedi. En plus des touristes, je me fis une clientèle d'habitués que je finis par apprécier. Je savais ce qu'ils désiraient, le leur vendais, ils m'en remerciaient. Se con-tentaient parfois de me parler, me faisant faire une pause pour une nuit.


Maeva en exigeait toujours plus, je rajoutais peu à peu le dimanche à mes jours de tra-vail.
En semaine, heureusement la boite n'était pas assez fréquentée pour espérer une quelconque prise.


J’en vins à éviter ma compagne au maxi-mum.
La glacière remplie de sandwichs, de fruits et surtout de bières, je partais sur mon bateau, seule trace de notre richesse passée que j'avais conservée, et je passais la journée à pêcher en buvant sur le lagon. Ou à boire en pêchant, rentrant bourré mais en ayant un peu oublié ce que j'étais devenu.


Jusqu'au vendredi suivant.


Les semaines s'enchainaient les unes der-rières les autres, le soir elle me baisait, s'a-musait à repousser les limites de nos jeux toujours un peu plus loin. J'y prenais du plai-sir, elle le savait.



Peu à peu, j'ajoutais le SM à mes pratiques professionnelles.
Ces soirs-là, je gagnais vraiment bien ma vie, priant intérieurement pour ne pas tomber sur un dingue qui me ferait vraiment mal.


Cela arriva plusieurs fois.


Je serrais les dents, tentant de retenir mes larmes, le dos et les fesses zébrées de coups violents de martinet.


Je décidais de faire l'achat d'une bombe lacrymogène puissante et d'un bon couteau, au cas où ça irait vraiment trop loin.



Maeva me soignait avec tendresse, me met-tant de la pommade qui m' arrachait des cris de douleur sur les chairs à vif. Puis elle me prenait dans ses bras, me cajolait, m'appelait sa petite vahiné, comme avant.


Ces semaines-là, j'étais dispensée d'aller tra-vailler.
Je n'aurais pas pu présenter mes cicatrices aux clients, de toute manière.


J'en vins presque à souhaiter cette nouvelle violence.


Je me faisais peur...











































Chapitre 4





À l'approche de mes cinquante-six ans, je sus que les jours fastes, où en me vendant quatre fois par mois je gagnais plus qu'un ca-dre, étaient terminés.



Une plus belle, plus jeune, à peine vingtaine, peut-être même mineure fit son apparition dans la boite.


Elle procédait exactement comme moi.


Peu à peu, je n'eus plus de clients, le patron me fit payer désormais mes entrées et mes consommations.


Je regardais mes cheveux désormais teints, ma couche de fond de teint de plus en plus épaisse qui ne masquait plus mes rides. Maeva qui ne se maquillait plus depuis des années avait l'air encore plus vieille que moi...
Mon triste reflet dans un miroir que je n’osais plus regarder.


Il ne me restait que le trottoir pour achever ma déchéance.


J'y allais à reculons, pour continuer à man-ger.
Mes années de prostitution ne me donne-raient aucune retraite, celle, lointaine, de ca-dre supérieur étaient d'à peine vingt ans.


Nous étions loin de pouvoir vivre à deux des-sus... d'autant que Maeva avait toujours refu-sée de se remettre au travail.


J'allais arpenter les rues mal-famées de Pa-peete, autour de la Rue des écoles...


Je faisais deux ou trois passes rapides par nuits, sous le regard ironique des autres rae-raee.
Tout le monde savait qui j'avais été du temps de ma splendeur, mesurait l'ampleur de ma chute dans l'échelle des classes sociales.


Souvent j'arrivais le visage tuméfié par les coups.
Maeva buvait de plus en plus à mesure que notre précarité s'accroissait. Plus elle buvait plus elle me battait, certaines semaines tous les jours.


Je n'en puis plus et décidais de tout arrêter.
Le tapin, Maeva, la précarité croissante. Je ne supportais plus rien.



Ce soir j'ai pris mon bateau, ne me suis pas rendue sur mon lieu de travail. J'ai jeté un œil à Tahiti qui m'avait si profondément changée, éclairée des lumières de la ville.


La forme sombre de Moorea me regarde, petite sœur bienveillante.


J'ai franchi la passe, suis maintenant au lar-ge dans le Pacifique. J'ai coupé le moteur, laissant le bateau dériver. J'espère que cela se fera tout seul... sinon au matin je plon-gerais dans l'eau sombre pour ne plus en remonter.
Définitivement, je me serais donné à la Poly-nésie corps et âme.


***
Lexique :



Le « e » se prononce « é » en tahitien et le « u » « ou »  dans l’ensemble des langues des archipels polynésiens : Marquisien, Paumotu (îles Tuamotu), et ici Tahitien...
Le pluriel est inexistant dans la grammaire inventée il y a quelques décennies : l’on écrit donc « des vahine » et non pas « des vahinés », déformation française.





Aitapeapea : c'est pas grave, on s'en fiche.


Fare : maison. Par extension les bungalow re


produisant l’architecture polynésienne des hôtels.


Hinano : Bière locale.


Hiro : Prénom masculin très commun, donné en référence à un dieu du panthéon polynésien.
Sa présence est toujours visible sous la forme d’une montagne de la très belle île de Huahine…


Iaorana : Bonjour


 Mahu : homme élevé et habillé comme une femme.
Traditionnellement les mahus avaient un rôle similaire, ne participant pas aux guerres et ne pouvant être sacrifiés. (Voir ci - après : » Mahu et Raeraee dans la société polynésienne ».)


 Paka : herbe (cannabis).


 Pei : toi.


Popaa : homme ou femme blanc-che.


 Raeraee : (prononcer ré-ré) voir mahu. S’applique cependant aux travestis. Terme né dans les années 60, péjoratif pour désigner ceux s’adonnant à la prostitution.


 Tane : homme.


 Tiare : fleur blanche, très odorante, symbole de Tahiti.


Vahine : femme.





Conversion : 1 Euro correspond à 119 francs CFP


PROLONGEMENT :


MAHUS ET RAERAE DANS LA SOCIETE POLYNESIENNE





Les dates de peuplement du « triangle polynésien », puis au-delà jusqu’à l’Australie ont été relativement bien établies par un flux migratoire immense sans instruments de navigation, venant d’Asie du Sud-Est, sur une période de -4000 av JC à 1000 après JC :


En revanche la société polynésienne originelle ne disposant que d’une tradition orale ayant peu à peu disparue nous est définitivement inconnue.





***





Il est permis de penser que l’existence des mahu remonte à une tradition très ancienne, même s’il est impossible de la dater.


Les premiers « découvreurs » européens, Wallis, Cook, Bougainville font tous état de leur existence particulièrement choquante pour un européen du XVIII° siècle pétri de convictions chrétiennes et surtout pour les missionnaires embarqués à bord des bateaux.


Ce sont ceux-ci qui ont laissés le plus de témoignages écrits sur le « péché » inhérents à cette civilisation de « sauvages », bien que bien sûr déformés par l’angle religieux de leur vision.



Des siècles avants les théories américaines, de notamment Judith Butler, sur le « trans-gender » encore largement refusées en France, celle-ci était une réalité naturelle dans les familles polynésiennes.



L’installation définititive de la London Missionnary School (L.M.S) va durablement bouleverser –et tenter d’effacer- les aspects les plus « dévoyés » de cette société » en proie aux démons de la chair » du mythe de la vahiné langoureuse et femme facile, à la réalité de l’homosexualité et de la bisexualité propre à la civilisation polynésienne.
Les mahu participaient tout naturellement à celle-ci.



Garçon à l’origine –en général l’ainé de la famille afin de le préserver des guerres incessantes et des sacrifices humains réservés aux prisonniers- les mahu naissaient mahu, ni hommes, ni femmes, mahu, transgenres.
Elevés avec les femmes, subissant les mêmes corvées mais jouissant d’un grand privilège social, les mahu pouvaient ainsi être membres de la cour des rois qui en « possédaient » un, parfois plusieurs.



Ainsi Pomare II bien que protecteur de la L.M.S, et en cours de conversion au christianisme,se livrait à des actes de débauche au milieu d’une cour d’homosexuels !
A l’image de la société polynésienne.
Si la conversion à un Dieu unique et l’abandon du panthéon traditionnel se fit sans trop de résistances, il ne s’agissait pas non plus de renoncer à sa civilisation…dont les mahu faisaient et font toujours pleinement partie.


Le Capitaine de la Bounty William Bligh témoigne ainsi de sa rencontre avec un mahu, en en faisant une description relativement exacte, préjugés mis à part :


« Ces gens, me dit Tynah, sont spécialement sélectionnés quand ils sont encore garçons et laissés avec les femmes, uniquement pour les caresses des hommes. A cet instant, le jeune homme souleva sa cape pour me montrer son entrejambe. Il avait l'apparence d'une femme, sa verge et ses testicules étant tirés sous lui entre ses cuisses. Il les gardait dans cette position avec beaucoup de facilité. Ceux qui ont des rapports avec lui satisfont leur plaisir bestialement entre ses cuisses, mais tous nient fermement pratiquer la sodomie comprise comme un crime. En examinant ses parties intimes, je les trouvai très petites, particulièrement les testicules, pas plus gros que ceux


d'un garçon de cinq à six ans et très douces, comme altérées ou d'une totale incapacité à se développer, si bien que dans l'un ou


l'autre cas, il me paraissait comme effectivement être Eunuque, "as if bis stones were away. "''


Les femmes le considèrent du même sexe qu'elles. Il observe chacune de leurs restrictions et il est également respecté et estimé."


Cependant, bien que l’homosexualité des mahu soit soulignée par tous les observateurs de l’époque, l’idée est fausse.
Les mahu peuvent être aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels ou bisexuels, vivre en couple avec une femme ou un homme.
Ce ne sont pas des « travestis » au sens européen du terme, mais des « hommes-douceur » aimant s’habiller, se comporter comme des femmes.


Trois cent ans de présence européenne n’ont pas suffi à les supprimer de la société polynésienne où ils sont toujours très respectés, travaillant dans les domaines les plus divers : hôtellerie, restauration, enseignement, tertiaire …


Il en va autrement hélas des raerae…


Le terme est moderne, apparu dans les années 50, avec l’implantation du Centre d’Essais du Pacifique (CEP) et les nombreux militaires débarquant pour travailler à Mururoa et Fangataufa.


Une véritable explosion de la prostitution en a découlé, d’abord uniquement féminine, puis le succès aidant, celle des travestis : des raerae.

Il est donc très péjoratif, désignant des hommes travestis et prostitués, souvent à cause de la misère sociale croissante comme en témoigne cet article de Julien Gué, publié sur le blog qu’il tient conjointement avec Monik Atari :


«  Tahiti, ses îles et autres bouts du monde » que vous pouvez consulter ici :

http://tahiti-ses-iles-et-autres-bouts-du-mo.blogspot.com/


 « Dans les mêmes rues du centre-ville, à deux pas de la mairie et du poste de police central, les belles de nuits arpentent les mêmes rues dans l’indifférence générale. Là encore, la misère d’une grande partie de la population n’est pas étrangère à cette présence prégnante de la prostitution. Le contraste est saisissant entre ces jeunes personnes arpentant des trottoirs défoncés et les luxueux 4x4 flambant neufs aux vitres fortement teintées qui s’arrêtent auprès d’elles. Après tout, me direz-vous, nous sommes dans un port du bout du monde... Peut-être. Mais nous sommes aussi en France. Et le pire est à venir.


    En effet, à y regarder de plus près, la grande jeunesse de la plupart de ces prostituées est frappante. Et la première surprise sera d’apprendre que nombre d’entre elles sont mineures. Pour la plupart, les premiers pas dans l’exercice du plus vieux métier du monde se font à douze ou treize ans ! La deuxième surprise, c’est que la majorité d’entre elles ne sont pas des filles, mais des raerae. Autrement dit, des garçons travestis. Et ce sont ces mêmes travestis mineurs et prostitués qui se retrouvent un peu plus tard dans certains des bars et boites de nuit de Papeete. Tous lieux dont la loi interdit l’accès aux mineurs, comme chacun sait… Tout le monde le voit. Tout le monde le sait. Tout le monde ferme. les yeux. »


Soixante ans d’arrivée -puis d’abandon récent - de la bombe auront finalement peut-être été plus efficaces que 300 ans de christianisme pour pervertir durablement une tradition sociétale vieille de plusieurs centaines de siècles…



Sources :
http://www.polynesiepassion.net/
http://rmitte.free.fr/ermitage/2007/transpac/spemahu.htm


http://tahiti-ses-iles-et-autres-bouts-du-mo.blogspot.com/


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Commentaires
V
Superbe ouvrage qui ne peut laisser indifférent
T
J'ai lu avec un plaisir inouï. <br /> <br /> Je me suis sentie envahie à la lecture par la beauté du lieu et à la fois par la détresse de cet homme devenu femme. <br /> <br /> Comme une recherche de soit, comme un désir de trouver sa place. Et quand il pense l'avoir trouvé, il sombre peu à peu pour un amour qu'il croit fort et puissant. C'est cet amour qui va l'anéantir. <br /> <br /> J'en avais la gorge nouée à la fin de cette histoire.<br /> <br /> Pour ma part ça m'a bouleversée.
Le Blog de Jane Fenuanova.
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